Joueur de football professionnel passé par plusieurs clubs de Ligue 1, Jérémy Pied a rejoint le cabinet M&C Associés de Pierre Chiffoleau et Kévin Onnée. À la retraite, l’Isérois, qui a débuté à l’US Saint-Égrève, accompagne désormais des athlètes dans leurs projets entrepreneuriaux. Entretien.
Jérémy, avez-vous rencontré des difficultés lorsque vous avez mis un terme à votre carrière de footballeur professionnel ?
« Non car j’avais commencé à préparer ma reconversion en amont. J’avais beaucoup investi dans l’immobilier donc je disposais quand même d’une valeur. Un peu comme au Monopoly lorsque tu sais que quelque chose va tomber. L’immobilier est une valeur sûre. Donc créer des sociétés par la suite ne m’a pas fait peur. »
Investir dans l’immobilier durant votre carrière vous avait-il été conseillé ?
« Pas du tout. Lorsque j’évoluais à Nice, j’ai rencontré quelqu’un qui était juriste. Quelques années plus tard, on s’est retrouvé sur la Côte d’Azur où il habitait et où j’étais en vacances. On a discuté et on a gardé le contact par écrit. Il m’a proposé de faire quelque chose en marchand de biens. Lui avait le temps, et moi l’argent. Et au contraire, je n’avais pas le temps et lui pas l’argent. Au final, tout s’est super bien passé. Au départ, mon gestionnaire n’était pas forcément d’accord, mais aujourd’hui ça fonctionne plutôt bien. Il faut savoir aussi forcer ce qu’on aime faire. »
« En club, tu es chouchouté »
Il y a aussi des exemples inverses avec des reconversions qui n’ont pas fonctionné…
« Bien sûr. On voit passer dans les médias des exemples de sportifs qui ont connu une banqueroute. Certains ont des statuts qui leur permettent de parler, mais d’autres restent silencieux. Quand tu es en club, tu es chouchouté. Là, du jour au lendemain, tu peux ne plus rien avoir. Mentalement, c’est difficile. Il est donc important de bien être accompagné. »
Les clubs offrent de plus en plus de contrats professionnels à de très jeunes joueurs. Est-ce une chance pour eux ?
« C’est une chance, mais il faut bien maîtriser cela. Être professionnel est un statut. Je pars du principe que si on donne le statut professionnel très très jeune, il faut que le joueur le soit très très jeune. S’il a 17 ans et qu’il ne sait pas qu’il va donner la moitié de son salaire aux impôts, je considère qu’il n’est pas professionnel. »
« J’ai toujours accordé de l’importance à l’honnêteté »
Est-ce votre expérience d’ancien footballeur qui vous a poussé à vous associer au cabinet M&C Associés ?
« Accompagner les athlètes dans leur projet me tient à cœur. Le tout sans leur faire la morale. Au moment de m’associer, j’ai dit à Pierre (Chiffoleau) et Kévin (Onnée) d’éviter le superflu. Les trophées… Ça vient, ça part. Il faut pouvoir s’adapter aux demandes tout en restant dans l’accompagnement et dans l’honnêteté. »
Vous semblez mettre l’accent sur l’honnêteté…
« J’ai toujours accordé de l’importance à l’honnêteté. Quitte à ce que ça fasse un peu mal. Si les personnes qui t’accompagnent te disent : “Non, ton affaire va dans le mur.” Ils te font gagner de l’argent parce que tu ne vas plus être performant, tu vas être stressé, tu vas faire n’importe quoi. Si le business plan n’est pas bon, il est important de le dire. »
Comment se matérialise l’accompagnement que vous mettez en place ?
« M&C Associés accompagne ses clients de deux façons. La première repose sur de la formation et la seconde sur l’élaboration de projets qui peut aller de la conception d’un business plan à la création d’un site internet. C’est à la carte en quelque sorte. Les deux sont complémentaires. Si un de nos clients a fait la formation, ça sera plus simple pour lui pour bâtir un projet. »
Propos recueillis par Sylvain Bruyas, Le Dauphiné Libéré, 30/06/2025
https://www.ledauphine.com/sport/2025/06/30/accompagner-les-athletes-dans-leur-projet-me-tient-a-coeur-la-nouvelle-vie-de-l-iserois-jeremy-pied